Acheter son bateau en leasing – Tout ce qu’il faut savoir
Le leasing émerge comme une option attractive pour les nouveaux acheteurs de bateaux, offrant souplesse et facilité dans le financement. En France, où il a gagné en popularité depuis les années 70, il demeure une solution prisée, surtout pour les bateaux de grande croisière
L’achat d’un bateau, qu’il soit neuf ou d’occasion, représente toujours un investissement important. Dans le financement d’un bateau, entre paiement comptant et crédit classique, le leasing s’est imposé dans le nautisme par sa très grande souplesse et sa TVA réduite sur les loyers. Si ce dernier avantage est drastiquement réduit depuis 2020, la formule reste intéressante dans de nombreux cas.
Financer en leasing un bateau de grande croisière peut se révéler particulièrement avantageux. (Photo : François TREGOUET / MULTI.media)
La dénomination francophone du leasing est assez explicite, il s’agit d’une location avec option d’achat, ou LOA. Un établissement financier acquiert pour votre compte le bateau de votre choix, et vous le loue contre versement d’un loyer mensuel. A la fin de la période de leasing, vous avez le choix entre rendre le bateau au leaser, ou l’acquérir définitivement via le versement d’une option d’achat. C’est bien sûr cette deuxième option qui est privilégiée puisque dans la plaisance, contrairement à l’industrie ou à l’automobile, la valeur de l’option d’achat est extrêmement faible : de l’ordre de 0,1% de la facture initiale. Pendant toute la durée du financement vous êtes locataire et non propriétaire de votre bateau. Ce sont les anglais qui, pour le coup, ont un plus joli terme que locataire pour décrire cette situation : « disponent owner », soit propriétaire de l’usage. C’est un avantage pour de nombreux contribuables, il n’entre donc pas dans leur patrimoine, ce qui peut s’avérer intéressant en matière d’imposition. Tout résidant de l’Union Européenne y a accès, et si le leasing n’est pas du tout populaire en Allemagne, il est assez usité en Italie et un peu en Espagne.
Mais c’est surtout en France que, depuis la deuxième moitié des années 70, le leasing a conquis une part de marché très importante. On parle de deux tiers des unités neuves financées par ce moyen en 2016, à son plus haut niveau. Depuis novembre 2020, les conditions de réfaction de TVA sont plus contraignantes. Plus question d’une réduction forfaitaire de 50% (10% au lieu de 20% sur les loyers) où que vous naviguiez, mais d’une totale exonération de TVA sur ces mêmes loyers lorsque vous pouvez prouver que votre navire est hors des eaux européennes. Cela peut être le cas si vous partez en grande croisière, ou si vous basez votre bateau hors Union Européenne (Maroc, Tunisie, Turquie, Royaume-Uni, Norvège…). Notons que le leasing peut également concerner un bateau d’occasion lorsque la TVA est récupérable, c’est-à-dire qu’il est la propriété d’une société assujettie à la TVA. La société de financement préfèrera une occasion récente, dont elle s’assurera du bon état, car durant toute la durée du leasing elle en est la propriétaire, et la valeur de revente du bateau en cas de souci est une forme de garantie pour elle. Il arrive d’ailleurs parfois de trouver des bateaux mis à la vente par leur leaser, du fait d’une succession d’impayés du locataire.
Le leasing permet de financer l’achat de toute unité neuve (Photo : Jeanneau / Jerôme KELAGOPIAN)
Cela concerne également le premier loyer majoré, et au regard de son montant (de 20% à 49% du prix d’achat TTC) cela représente forcément une somme importante sur laquelle vous pouvez économiser 20%. Il vous faudra par contre justifier sans délai, et aussi longtemps que vous souhaiterez bénéficier de ce taux à 0%, du fait de naviguer effectivement hors des eaux Européennes : factures de port, de carburant, livre de bord, photos… Gardez tout bien précieusement et transmettez-en annuellement des copies à votre organisme de financement. Attention, l’exemption de TVA ne concerne bien que les loyers et pas l’achat. Le financement est donc calculé sur un prix TVA comprise (TTC), soit par exemple 300 000 Euros TTC pour un bateau d’une valeur de 250 000 Euros HT, avec un taux de TVA de 20%. Selon la durée du leasing et le montant de votre apport initial, ce taux de TVA réduit peut plus que compenser le taux de crédit appliqué au leasing. Ainsi, et c’est parfois un peu difficile à appréhender pour un particulier, la somme du premier loyer majoré (apport) et de la totalité des loyers prévus au contrat et de l’option d’achat peut être inférieure au coût d’achat initial TTC.
Attention, afin de ne pas risquer une requalification du leasing en propriété pleine et entière par l’administration fiscale, il est conseillé de ne pas dépasser 49% d’apport. De même, si la durée minimale est de trois ans, une durée de cinq à sept ans semblera plus cohérente en cas de contrôle. A propos de durée, comme dans le cas d’un prêt classique, plus elle est courte, moins le coût du financement est élevé. Cependant il peut être judicieux d’opter pour une durée plus longue que ce que pourrait vous permettre votre capacité de remboursement. En effet le leasing est transférable à l’acquéreur de votre bateau lorsque vous le revendrez. Aussi, si votre projet est dès le départ défini dans un temps relativement court (exemple achat pour une boucle atlantique sur 2 à 3 ans), optez pour un leasing d’une durée sensiblement supérieure. En effet, le leasing étant plutôt avantageux en termes de coût de financement, pouvoir en faire profiter un futur acquéreur vous ouvrira un bien plus grand nombre d’acheteurs potentiels. Alors que si lors de sa revente votre unité est intégralement payée, vous réduirez ce nombre à ceux qui peuvent payer cash ou assumer un onéreux financement à l’aide d’un crédit classique.
Sur un marché du multicoque en plein essor, la LOA - ou leasing - a pris une part de marché prépondérante (Photo : Nautitech / DR)
A la revente, le contrat de leasing fait l’objet d’un avenant de changement de locataire. D’un point de vue comptable, le vendeur touche la différence entre le prix de vente convenu et la somme des loyers restant dus s’ils sont peu nombreux, ou la valeur de rachat TTC du leasing à la date de la cession, s’il y a encore plusieurs années à courir. Pourquoi ces deux options ? Pour choisir le mode de calcul qui donnera la solution la plus équilibrée, la plus juste, entre intérêts du vendeur et de l’acheteur. La cession d’un bateau en cours de leasing représente également pour l’acquéreur l’opportunité d’en modifier les modalités. On peut en rallonger la durée, ou au contraire la raccourcir par le biais de paiements anticipés ou majorés. Il est également possible de le « recharger », c’est-à-dire d’obtenir un financement pour acquérir de nouveaux équipements adaptés à votre programme. Il peut s’agir de voiles additionnelles par exemple (spinnaker, Code 0, tourmentin…), d’électronique complémentaire (radar, traceur, deuxième pilote…) ou de matériel spécifique à votre projet tel un dessalinisateur pour partir en grande croisière, des winches électriques ou un propulseur d’étrave pour naviguer en équipage réduit. Toutes ces variations sont également possibles en cours de contrat sans qu’il ait de cession, mais encore faut-il que le leaser l’autorise. C’est un point à vérifier auprès des différents établissements financiers que vous aurez sollicités avant votre achat.
Le leasing, un dispositif européen qui a rencontré, et rencontre encore, un vif succès en France (Photo : Hanse Yachts / DR)
Si depuis la réforme de 2020, le leasing concerne plutôt les unités au-dessus de 50 000 Euros, il garde une part de marché importante et même prépondérante sur les bateaux de grande croisière grâce à sa souplesse. Le fait qu’il soit cessible et flexible est particulièrement appréciable, et il n’est pas rare de voir trois ou quatre « locataires » se succéder sur un même bateau. Car il reste un moyen de financement peu onéreux et surtout très souple, qui sait s’adapter aux fluctuations de la vie, celle du bateau comme celle de ses propriétaires.