Custom Cutter Marconi

Conception n° 505 A du bureau J.L. Watson en 1928, JULIETTE, ex Courtlinne, ex Saracen, ex Moonbeam, ex Moonbeam Junior, ex Pretty Polly a été magistralement construite par Alexander Robertson & Sons de Sandbank en Écosse avec le numéro de chantier 180.
20 mètres de long sur le pont, 50 pieds à la ligne de flottaison, ce yacht à voile extraordinaire est l'un des derniers Gaff Cutters construits en Écosse. Et l'un des plus beaux yachts classiques prêts à participer avec succès aux courses internationales de yachts classiques.

Maintenant utilisé pour la navigation de plaisance, souvent seulement par le propriétaire et sa femme, JULIETTE est équipée des installations correspondantes : pour manœuvrer à court équipage avec les enrouleurs de grand-voile, génois et foc, et les winches auto-tailing Barient, dont 3 sont électriques (1 pour la grand-voile, 2 pour le génois).
Pour ancrer en toute sécurité avec 2 chaînes de 100 m de 16 et 14 mm et un puissant guindeau Lofrans de 3500 W.
Pour un séjour agréable à bord avec 2 toilettes et 2 toilettes marines macératrices électriques, un système d'eau sous pression, un chauffe-eau et un lave-vaisselle de 6 places.

L'équipement électrique est alimenté par une banque de batteries de service de 16 cellules Lithium LiFePo4 délivrant 300A à 24V et deux batteries Optima pour le démarrage du moteur. Elles sont alimentées par un générateur Dynamica mini40 et gérées par un onduleur/chargeur Victron Quatro 5000w.

VOILES et GRÉEMENT
La garde-robe de 3 voiles fournit 270 m² de surface de voile au près :
- Grand-voile à lattes de 96m², en spectra recouvert de taffetas
- Génois de 131 m² en dacron, sur enrouleur Profurl ED 52 contrôlé depuis la station de barre
- Foc en dacron double épaisseur de 43 m², sur enrouleur manuel (une piste courbée devant le mât le rend auto-vireur).
Le gréement en NS22 Norseman à brins simples de 12,7 mm a été remplacé aux États-Unis en 1989.
Le mât et le gréement ont été systématiquement inspectés et révisés tous les 10 ans.

MOTEUR
Moteur auxiliaire Gardner 6 cylindres, moteur de 10 litres de cylindrée refroidi par un circuit d'eau douce circulant avec un échangeur placé à l'extérieur sur le côté bâbord de la coque. Un modèle 6LB développant 125 HP à 1100 tr/min remplace depuis fin 2020 l'ancien modèle 6LWS de 96 HP installé en 1959.
Le moteur auxiliaire est alimenté par un réservoir de carburant de 400 l (rénové en 2020). Le réservoir du groupe électrogène de 125 litres + le réservoir auxiliaire de 80 litres, ont une pompe de transfert qui peut alimenter le moteur auxiliaire si nécessaire.
L'arbre d'entraînement en acier inoxydable, qui se termine par une hélice à pas variable sur le côté tribord, a été remplacé par Hundested en 2009, fabricant du système.

CONSTRUCTION
La quille est une seule pièce solide de teck sur laquelle est boulonnée une ballast en plomb de 16 tonnes.
- Les membrures en chêne, avec des sections alternées de 95 x 89 mm et 51 x 57 mm, sont faites de pièces uniques poussées en forme. Cette technique a été utilisée par les grands chantiers navals en Écosse pour obtenir des cadres qui respectent le grain du bois et donnent force et flexibilité à la coque.
- Les planches de teck de 47 mm fixées sur les cadres en chêne sont non polies à l'intérieur et visibles dans les cabines et le salon. Le revêtement en caoutchouc chloré qui a couvert la coque depuis 1970 l'a maintenue en parfait état.
- Le prestigieux pont en teck est encore d'origine plus de 90 ans après sa construction, à l'exception de quelques pièces, et il est fixé directement aux poutres
- Les aménagements intérieurs sont en acajou, vernis.

À l'origine gréé en gaff, ce cutter est maintenant un cutter Marconi avec un gréement modernisé :
- son mât en aluminium monté sur la quille, conçu et construit par Hood en 1976, révisé en 1992, 2008 et 2019, domine le pont de 24m.
- Le bôme à enrouleur en carbone mesure 8,55 mètres de long. Il a été construit en 2008. L'enrouleur en bronze qui était à bord a été réutilisé et équipé d'un moteur de guindeau électrique qui permet de dérouler et d'enrouler facilement la grand-voile. Pas de drisse.

ENTRETIENS EXTRAORDINAIRES ET DERNIÈRE RESTAURATION
Afin de continuer à naviguer en toute sécurité dans les années à venir, il a été nécessaire de garantir la solidité structurelle de la cale et des extrémités des membrures et de remplacer les planchers métalliques endommagés, qui ont plus de 90 ans, afin que la coque puisse retrouver sa fiabilité d'origine. Comme cette inspection et les remplacements nécessaires ont exigé le retrait et le démontage d'une grande quantité d'équipements pour accéder au fond du bateau, il a été décidé de profiter de cela pour effectuer une restauration plus complète, y compris le re-caulking et la peinture de la coque, la révision du mât, une révision complète de l'installation électrique et l'amélioration de divers équipements.
Le moteur Gardner a montré de telles faiblesses après les premières sorties du chantier qu'il a été décidé de le remplacer par un modèle similaire, mais neuf après 60 ans de service. Ce travail a commencé en 2019 et a été achevé à la fin de 2021 lorsque le nouveau moteur a été installé. L'importance des travaux et l'irruption de Covid, qui a causé des mois d'arrêt en raison de la fermeture du site, expliquent la durée de cette campagne de travaux.
Le pdf 'restauration', (sur la page principale de Juliette en haut à droite) écrit en français, illustre bien la récente restauration extensive.

HÉBERGEMENT
Les aménagements intérieurs, principalement restaurés à leur état d'origine en 1992, peuvent accueillir 6 personnes dans 3 cabines doubles dans la configuration d'origine.
- Au pied de l'escalier en acajou au centre du yacht, un petit couloir mène à tribord à la cabine du propriétaire et à bâbord à une toilette.
- À l'avant, la cuisine est située sur le côté bâbord ; à travers la salle de toilette accessible sur le côté tribord se trouve une salle des machines où se trouvent le générateur et le chargeur/inverseur. Le reste des anciens quartiers d'équipage a été converti en une cabine double à l'avant de la cuisine.
- À l'avant, derrière une porte étanche, le stockage de la chaîne double.
- Le moteur est placé dans l'axe du bateau à l'avant du mât et est donc dans la cuisine avec le panneau électrique positionné au-dessus du caisson du moteur.
- À l'arrière de l'escalier, occupant toute la largeur du bateau : le salon et la cabine double à l'arrière.
- La timonerie, qui surplombe le cockpit et la station de barre, est également accessible depuis cette cabine arrière, ce qui permet d'accéder à la station de barre depuis l'intérieur du bateau par mauvais temps sans avoir à passer par le pont.

HISTOIRE
Le Rt. Hon. Thomas Kennedy Laidlaw, membre du Conseil privé pour l'Écosse auprès du roi George V, membre du Royal Yacht Squadron de Cowes, était un éleveur de chevaux de course en Irlande. Il a choisi de nommer son nouveau yacht d'après son ami le major Eustace Loder et sa jument exceptionnelle qui avait surpassé tous les pur-sang de sa génération entre 1903 et 1905 et qui était considérée, en 1929 et l'est encore, comme l'une des juments les plus exceptionnelles du siècle : Pretty Polly. Il a demandé à James R. Barnett, du bureau de G.L. Watson à Glasgow, de concevoir son yacht Pretty Polly, un yacht haute performance qui lui permettrait de continuer à courir : un yacht à voile de 50 pieds à la ligne de flottaison qui serait l'un des derniers Gaff Cutters construits en Écosse.
Construit par Alexander Robertson & Sons Ltd, Pretty Polly (inscrit sous le n° 180 dans le livre du chantier) a été lancé à Sandbank, sur le Clyde, le 10 juin 1929 (voir photo dans la galerie et un article du Yachtsman).
Le yacht, manœuvré par un équipage de 8 marins et dirigé par Sandy Geoffrey, ancien officier de la R.Y. Britannia, a remporté de nombreuses courses, dont la Clyde Forthnight 1935, deuxième à la Coupe de la Reine Mary 1935, une première à la Course du Couronnement en 1937. Pretty Polly a été donnée à son fils Robert 'Robin', comme lui membre du Royal Yacht Squadron et du Jockey Club. Afin de ne plus dépendre des remorqueurs, Robin a installé un moteur auxiliaire Belgius 2 cylindres de 15 HP en 1937.
En 1947, Sir Colin McNeal a acquis Pretty Polly. Il a démonté le grand Moonbeam de William Fife (restauré et très connu dans les courses de bateaux classiques actuelles) qu'il possédait à l'époque, et l'a renommé Moonbeam Junior, puis Moonbeam.
Membre du Royal Corinthian Yacht Club, dont les membres étaient des armateurs et des skippers, il a d'abord ajouté une cabine pour chien, puis un siège de barre surélevé pour plus de confort pendant les courses et les croisières. Il a également renforcé le moteur, remplaçant en 1953 le moteur auxiliaire 2 cylindres par un moteur Gardner 4 cylindres de 60 HP, remplacé en 1959 par un autre moteur Gardner 6 cylindres de 95 HP.
Retiré des affaires et des courses, en 1956, il a utilisé Moonbeam comme yacht de plaisance pendant plusieurs années, jusqu'en 1970, pour naviguer en Méditerranée en été et dans les Caraïbes en hiver.
Harold et Patricia Sulger, avec l'ambition de naviguer autour du monde, ont acheté Moonbeam en 1970. Ils ont renommé leur yacht Saracen.
En 1976, ils ont vendu Saracen à Jack du Gan, pilote de Pan Am. Le refit jugé nécessaire par H.M. Tiedemann dans son rapport de novembre 1976, a conduit Ted Hood à concevoir le mât en aluminium toujours en place. Depuis son port d'attache de Palm Beach, en Floride, Saracen a navigué en charter dans les Caraïbes pendant près de 10 ans.
Graham H. Lambeth, un entrepreneur immobilier de Philadelphie, a acquis Saracen en 1987, il l'a renommé Courtlinne en l'honneur de ses filles Courtney et Alinne. Il l'a navigué jusqu'en Floride puis jusqu'au New Jersey pour entreprendre la restauration nécessaire. En 1988, Courtlinne a été mise à sec pour un refit à Greenwich sur le Cohansey (une rivière sur la rive nord du Delaware). La crise immobilière l'a contraint à abandonner.
En septembre 1990, Courtlinne a été proposé à la vente à Giorgio Lo Stimolo, un architecte italien travaillant à Paris, qui cherchait un yacht classique avec des exigences très spécifiques depuis trois ans. Courtlinne répond à ses critères : la coque et le platelage en teck ainsi que le mât et les haubans sont en parfait état ; l'agencement intérieur est conçu pour la navigation de plaisance et le mobilier d'origine encore présent, bien que dans un état médiocre, promet une fois restauré, de rendre ce yacht très agréable à vivre. En fait, Paul Coble conclut son rapport de décembre 1990 en notant qu'il a rarement vu un bateau de cet âge en si bon état dans un rapport de 14 pages.
Néanmoins, le gréement, un bôme trop court, la grand-voile hors d'usage (qui porte encore le n°8 de Moonbeam) et des équipements insuffisants ne permettent pas d'envisager une traversée de l'Atlantique en toute sécurité. Le bateau a donc été rapatrié en Europe par cargo de Baltimore à Le Havre. Deux ans de restauration effectuée à flot à Choisy le Roi sur la Seine, ont redonné à ce yacht son ancienne splendeur. Son nouveau propriétaire lui a donné le deuxième prénom de sa femme, JULIETTE.
Sa première navigation depuis Deauville l'a ramenée à Cowes, en Angleterre, où Sir Beken a été ravi de retrouver ce yacht qu'il se souvenait si bien et de prendre à nouveau son portrait. La similitude de ses photos avec celles d'il y a 30 et 60 ans montre que la modernisation n'a pas perturbé sa ligne sur l'eau.
Après quelques années au musée maritime de La Rochelle, puis à Port Saint Louis du Rhône près de Marseille, JULIETTE est à Palerme, en Sicile, depuis 2009.
En 2019, pour donner une nouvelle jeunesse à ce yacht de 90 ans et redonner à sa coque sa solidité et sa fiabilité d'origine, une nouvelle campagne de travaux a été confiée à l'Oceanica Naval Cantiere de Licata, en Sicile. À cette occasion, un nouveau système électrique a été installé et son moteur a été remplacé par un autre Gardner similaire.